Ce n’est pas Nautilus, mais Natik. Jules Verne n’est pas loin. Après avoir déployé un prototype de datacenter sous-marin à un kilomètre de la cote du Pacifique aux États-Unis en novembre 2015, Project Natik ambitionne de proposer un datacenter qui soit rapide à déployer, à faible coût tout en étant soucieux de l’environnement.
C’est le cloud qui, aujourd’hui, pousse Microsoft. De là, des besoins en capacité exponentiels. Selon l’éditeur, un datacenter sous-marin pourrait non seulement être déployé très rapidement (90 jours), mais il pourrait être étendu selon les besoins. Autre atout : le refroidissement serait optimal tout en proposant une bonne performance. Commercialement, comme une grande partie de la population mondiale vit à 200 km des côtes, cela devrait permettre de proposer une latence minimale puisque le datacenter opère dans une zone offshore proche.
Au départ, la publication d’un article rédigé par Sean James, un employé de Microsoft et ancien de la Navy. Nous sommes en 2013. Il avance une série d’avantages à construire un datacenter sous les mers. L’idée retient l’attention d’un responsable de la firme de Redmond, Norm Whitaker, ancien de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency). L’idée devient projet. En 2014, une équipe est formée au sein de l’unité New Experiences and Technologies (Next). Project Natick est lancé !
Pendant plusieurs mois, cette équipe va mettre au point une capsule capable d’accueillir les équipements informatiques. Fruit de ce travail, un premier prototype créé et baptisé Leona Philpot -en l’honneur d’un personnage du jeu Halo sur Xbox. La capsule est un caisson comprenant des échangeurs thermiques où le rack informatique baigne dans de l’azote pressurisé -un modèle pour IoT (Internet of Things) avec pas moins de 100 capteurs pour mesurer le taux d’humidité, la salinité, la pression, le dégagement de chaleur, la prévention de panne, etc.
Août 2015 : Microsoft teste in situ le prototype en l’immergeant à une dizaine de mètres de profondeur pendant 105 jours au large de San Luis Obispo, en Californie. Des batteries de test ont été menées pendant cette période. Une fois remonté, le module a été rapatrié à Redmond pour des analyses complémentaires. Essai concluant.
Depuis, Microsoft s’est lancé dans la construction de trois autres capsules. D’autres essais sont par ailleurs prévus l’année prochaine en Floride et en Europe du Nord. Derrière ces tests, Microsoft essaie de valider différentes solutions technologiques pour ces conteneurs. Parmi elles, l’alimentation fournie à la capsule par la marée motrice.
Autre élément à observer, les chercheurs veulent embarquer des équipements informatiques capables de durer. La maintenance dans le milieu océanique l’impose. Il faudra donc repenser le concept de rack conçu avant tout là pour permettre à l’homme de remplacer des éléments. Les chercheurs vont aussi se pencher sur l’impact environnemental du module. Lors du premier test, il est apparu qu’il n’y a pas de pollution sonore.