Systemat se restructure autour de neuf PME et transforme Systemat Belgium en Shared Services Center.
Les rumeurs allaient bon train, l’avenir de Systemat semblait des plus sombres. La situation, il est vrai, s’était sensiblement dégradée au cours des deux dernières années, avec des pertes qui ont impacté les fonds propres de l’entreprise et sa position chez ses fournisseurs. «Nous étions dans une impasse, reconnait Pierre Focant, à l’origine du MBO en 2011 avec Vincent Schaller. Pas un problème d’offre, mais bel et bien un problème d’alignement de la structure sociétale avec la stratégie dans un contexte de concentration du marché. De là, la proposition faite à Pascal Leurquin de venir remettre de l’ordre dans la maison, en tant que CEO»
L’homme est connu. Cet ingénieur commercial Solvay a débuté dans l’audit pour ensuite s’en aller redresser des filiales du groupe chimique éponyme, notamment au Brésil et en Espagne. On le connait aussi pour avoir restructuré de fond en comble l’imprimeur-éditeur Casterman, notamment à travers Evadix. On le connait aussi comme le sauveteur du groupe de distribution Caméléon. «Le cas de Systemat m’a d’emblée intéressé parce que cette entreprise est reconnue dans sa sphère et qu’elle recèle un formidable potentiel.» C’était fin octobre 2015. Aujourd’hui, Systemat est à nouveau une entreprise saine, sans dette bancaire, prête à rebondir.
Shared Services Center
Entre-temps, Systemat a connu six mois difficiles, avec des difficultés en termes de trésorerie, perdant ses crédits fournisseur. Et Pascal Leurquin a été contraint de mettre en adéquation les effectifs avec la nouvelle organisation. «J’ai été amené à créer une culture du pauvre, à tout comptabiliser pour gagner à tous niveaux. Très vite, j’ai réduit les frais généraux de 50%, j’ai aussi renégocié les baux locatifs tout en réduisant les surfaces, j’ai encouragé par ailleurs les équipes à réduire les renouvellements d’infrastructures IT. Des gains ici et là.» Le total des économies annuelles s’élève à 4,5 millions EUR. Entretemps, aussi, Pascal Leurquin a introduit le factoring, qui permet de faire face aux pics d’activité, la saisonnalité dans les métiers de Systemat étant sensible; l’enveloppe du factoring négociée auprès de BNP Factor étant de 15 millions EUR, les lignes de crédit existantes avec Belfius et la BCEE, de 8,1 millions EUR ont été totalement remboursées.
Pour arriver à ses fins, Pascal Leurquin a transformé la configuration de Systemat Belgium en un Shared Services Center au service de neuf PME, correspondant aux différents métiers du groupe. Une entreprise dont l’activité est la fourniture de services dans le cloud ne fonctionne pas comme une entreprise de distribution d’équipements ou une autre spécialisée dans le financement. «En scindant ainsi les activités, nous motivons et responsabilisons les équipes désormais centrées sur leur seul core business…» Dans la nouvelle structure, trois entreprises ont aussi été déconsolidées : Expert (outsourcing), Mimeos (systèmes d’impression, solutions MPS, e-procurement…) et Syremat (financement, location sur le long terme…)..
«Nous avons également reconsidéré nos participations, enchaîne Pierre Focant. Autant marier AB Supplies et Allo Supplies faisait sens pour créer Mimeos, autant la décision de céder de certaines participations s’avérait nécessaire. Ce fut le cas avec la revente des 53% que Systemat détenait dans SeeZam.»
Win-win
Dans une réorganisation, analysent les deux dirigeants, trois possibilités se présentent : vendre purement et simplement l’activité, réinvestir ou s’adosser à un partenaire. La troisième voie a été choisie pour Systemat Luxembourg avec RGroupe dont les entités Rcarré et Agil-IT ont été fusionnées avec Systemat Luxembourg. «Rcarré est le leader incontournable sur le marché de la PME au Luxembourg, et Agil-IT qui devient Systemat Professional Services PSF se positionne comme le partenaire des grandes entreprises. Il était donc logique de rapprocher Systemat et les deux entités de RGroupe et d’intégrer les expertises respectives afin d’offrir aux petites, moyennes et grandes organisations privées et publiques, PSF et non PSF, des compétences renforcées.»
Aujourd’hui, le groupe belgo-luxembourgeois détient 45% du capital du nouvel ensemble. «C’est mieux de détenir 45% d’une structure saine et rentable plutôt que 100% d’une société qui perd de l’argent, illustre Pascal Leurquin. C’est un move qui fait sens, un vrai win-win !»
Objectif gagnant pour Pascal Leurquin : à nouveau dans le vert, Systemat n’a plus un euro de dettes. «Nous avons fait un ‘turn around’ stratégique, financier et organisationnel. Forts d’un premier trimestre bénéficiaire, nous sommes prêts pour entrevoir de nouvelles opportunités de partenariats, mais aussi des acquisitions. Maintenant que la société a été assainie et en instaurant un esprit de PME, j’estime que nous avons récupéré l’agilité nécessaire au développement de Systemat.»