Si les salaires ont tendance à baisser, l’IT profite d’une forte demande de spécialistes. La pandémie n’a fait que renforcer la guerre des talents, constate Robert Half.

Nette augmentation des demandes de profils IT. En particulier des profils d’analystes en ERP et CRM, des spécialistes de la BI, des projects leaders. Et, à un autre niveau, des ingénieurs de support. De même, de nouveaux profils émergent : data scientists, ingénieurs DevOps, spécialistes en cybersécurité… En soi, ce n’est pas vraiment une surprise. Le COVID-19 est passé par là.

Le Guide des Salaires 2021 ( * ) du cabinet de recrutement Robert Half vient de sortir. Il rassemble les informations propres aux salaires dans les domaines de la comptabilité, des finances, du soutien administratif et de l’IT. «Nous avons observé une grande résilience de la part des entreprises belges. En tant qu’employeur, il est primordial de créer un environnement dans lequel le changement n’est pas considéré comme une barrière ou un facteur perturbateur. Le changement est la nouvelle norme», affirme Joël Poilvache, Director, Robert Half.

Expertises techniques et compétences transverses

Depuis la mi-mars, les demandes pour les compétences ont sensiblement évolué. Désormais, l’exploitation et la compréhension des données laissées sur le web sont une priorité, estime le cabinet de recrutement.

En toute logique, l’intelligence économique prend de plus en plus d’importance. Les entreprises recherchent de plus en plus des collaborateurs ayant des connaissances en statistiques et en modélisation. Et Robert Half d’enregistrer une forte demande en compétences SQL, Power BI, Qlickview, Microstrategy. Dans le domaine du cloud public, c’est Azure et Amazon.

Grilles des salaires par fonctions. 25ème : peu ou pas d’expérience. 50ème : expérience moyenne. 75ème : expérience supérieure à la moyenne. 95ème : compétences et expérience exceptionnelles.

Dans ce nouveau scénario, les recruteurs privilégient une série d’aptitudes et compétences transverses.  Ainsi, la créativité, la résilience et l’intelligence émotionnelle. Autant de qualités nécessaires afin de s’adapter aux changements et pouvoir travailler d’une manière efficace en équipe.

Le télétravail rapproche les compétences

Toutes activités confondues, la majorité des salaires restent au même niveau qu’avant la crise liée au coronavirus. Un peu moins de la moitié des employeurs belges (48 %) déclare que les salaires des employés actuels et nouvellement embauchés sont restés identiques. 32 % d’entre eux affirment qu’il y a eu une augmentation. Enfin, 20 % ont fait savoir que les salaires ont baissé.

Le travail à domicile massif a également un impact sur les salaires belges. Traditionnellement, les salaires sont plus élevés à Bruxelles, mais grâce au télétravail, les entreprises ont pu élargir leur zone de recherche de talents. 86 % des employeurs déclarent qu’ils recrutent déjà ou prévoient de recruter des gens qui vivent plus loin et qui travailleront à distance.

«Les employés ont vraiment repoussé leurs limites durant cette pandémie, assure Joël Poilvache. Du coup, beaucoup d’entre eux ont réfléchi à leurs priorités professionnelles, à leurs valeurs ainsi qu’à leurs salaires. Aussi, les employeurs doivent rester au courant des dernières tendances en matière de rémunération. Et, surtout, agir rapidement afin de retenir les talents.»

De nouveaux avantages

L’étude de Robert Half montre en effet que les employeurs sont toujours préoccupés par la rétention des talents. Huit sur dix se disent inquiets; un sur trois se disent même très inquiets. Ils sont particulièrement préoccupés par la charge de travail élevée du personnel (40 %), tout en étant conscients du fait que les augmentations de salaires sont limitées (27 %).

Toutefois, la pandémie et, par conséquent, le travail à domicile massif créent de nouveaux avantages extra-légaux et des compensations pour les entreprises belges.

«Les salaires restent bien sûr un élément important pour les employés. Mais des avantages supplémentaires destinés à mieux gérer l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée deviendront absolument indispensables, observe Joël Poilvache. Dans la situation économique actuelle, même la perspective d’un gel des salaires dans les prochains mois peut être acceptée si les dirigeants peuvent s’assurer que les avantages non-financiers sont suffisamment favorables et adaptés aux besoins des employés.»

( * ) Enquête indépendante menée en juillet 2020 auprès de 100 CFO et directeurs financiers belges, de 100 CIO belges ainsi que de 100 cadres supérieurs belges.