La seule interrogation, aujourd’hui, est quand ? Quand y aller ? Et donc quand migrer ? «Il n’y a pas de doute sur la pertinence de SAP HANA, c’est juste une question de calendrier, estime Franck Cohen, President Europe, Middle East & Africa, SAP. Au pis, j’entends dire : ‘oui, mais pas toute de suite’…»
Rimini Street confirme ce décalage dans le temps. Ce fournisseur indépendant d’assistance logicielle pour SAP a constaté, début mai 2015, que 72% de ses clients préfèrent maintenir ECC 6.0 -plate-forme mature s’il en est. Pour HANA et S/4 HANA, c’est ‘on verra plus tard’.
De toute évidence, le passage à HANA se prépare, se planifie, fait l’objet de budgets dédiés. Résultat : la migration prend du temps. Les résultats se feront surtout sentir plus tard. En revanche, ceux qui adoptent SAP aujourd’hui adoptent d’emblée HANA; beaucoup, d’ailleurs, viennent à SAP pour HANA !
De fait, SAP HANA suppose un changement radical. Lequel, d’ailleurs, peut inquiéter. Alors que Oracle peut rassurer partant qu’il capitalise sur le principe que les entreprises ont besoin de bases de données relationnelles. «Tout ce que fait Oracle consiste à améliorer leur base de données relationnelle… conçue il y a trente ans ! Le challenge de SAP, c’est de réfuter ce postulat. En somme, tourner la page.»
N’empêche : entre 60 et 70% de la base installée SAP emploie un DBMS/R signé… Oracle. Un ordre de grandeur qui, chez SAP, dérange. Pour les clients, choisir HANA ce n’est rien d’autre que renoncer à Oracle. En somme, une rupture. Si les deux partenaires d’hier font mine, désormais, de s’ignorer, le marché n’apprécie guère ce divorce. Pour nombre d’entreprises, c’est balayer un existant, quasi une culture.
En attendant, SAP martèle : il est impossible de concevoir des applications big data avec une base de données classique, c’est-à-dire en ligne. «Nous n’avons pas d’acquis à protéger, nous pouvons donc nous permettre de changer la donne, tacle Franck Cohen. Je pense que les entreprises ne sont pas dupes. Avec la baisse tendancielle du coût du hardware, avec les offres d’hébergement lancées pour aider les clients à basculer, la transition vers cette nouvelle donne va s’accélérer. D’ailleurs, nous le sentons bien dans les ventes. Ce deuxième semestre, croyez-moi, réservera bien des surprises…»