Gare aux silos générationnels. SAP, au contraire, mise sur la mixité générationnelle.
«Le danger, prévient Bruno Kindt, Director of Human Resources and Transformation, SAP Belgium-Luxembourg, ce sont les silos générationnels. Si l’on n’y prend garde, ils se forment très vite : naturellement, en effet, on recherche des personnes qui nous ressemblent ou qui partagent notre culture. Cela nourrit notre besoin d’appartenance. A tort. Car on passe à côté de beaucoup d’autres choses…»
La nature même de l’emploi est en train de changer. Et il en va de même pour le vivier de la main-d’œuvre. Avec l’arrivée de la génération des Millennials, la mondialisation et l’évolution sociale, la diversité des travailleurs n’a jamais été aussi grande. Pour bien gérer les professionnels de 2020, estime-t-on chez SAP -qui a mené une étude intéressante sur le sujet avec Oxford Economics– il faut prioritairement pouvoir comprendre ces changements et, ensuite, s’y adapter. Mais pour cela, les entreprises doivent adopter une approche HR plus stratégique et s’équiper des outils adéquats pour maîtriser le nouveau marché du travail.
«Visez la mixité générationnelle, conseille Bruno Kindt. Ce qui signifie, pour commencer, ne pas nier les différences générationnelles. Car elles existent.» Pour la génération Y, le travail n’est plus central, la finalité est de s’incorporer dans un projet de vie plus grand; l’autorité n’est plus liée à la fonction, mais doit se démontrer par les compétences. Bref, c’est la génération du ‘moi’, qui vit ses passions, qui ne pense plus en termes de carrière, mais d’expériences.
«Le monde de la grande entreprise a sans doute été habitué, de par sa structure hiérarchique, à abriter des collaborateurs concentrés sur la réalisation de leur tâche sans en demander plus -voire, sans en vouloir plus. Or les ‘millennials’ ont envie d’être le porte-parole de ce qu’ils créent au sein de l’entreprise, de porter le flambeau en quelque sort et, surtout, d’être passionnés. Il y a ainsi énormément à faire pour expliquer aux générations antérieures que la passion que veulent avoir les ‘millennials’ pour leur travail n’est pas une mise en question de l’autorité, mais plutôt un désir de participer à la valeur de l’entreprise et de l’accroître.»
Chez SAP, plutôt que de dépenser de l’énergie à nier cette réalité générationnelle, cette même énergie est mise à contribution pour des actions qui rapprochent les générations, insiste Bruno Kindt. Il est important de considérer le critère générationnel comme ce qu’il est : une dimension d’analyse parmi d’autres, forcément incomplète, mais suffisamment pertinente pour que l’on y prête attention.
«On pense souvent à la diversité de genre, à la diversité métier ou encore à la diversité culturelle avec des personnes de différentes nationalités. On pense moins à la diversité générationnelle. Chez SAP, oui !» A travers la mixité, cette diversité apporte une richesse incroyable quand elle est utilisée à bon escient. Chaque génération apporte ses croyances, basées sur des valeurs propres aux contextes socio-économique et culturel dans lequel elle a grandi.
Bon nombre d’entreprises voient cohabiter la génération Y et les générations antérieures. Et si contribuer ensemble au développement de l’entreprise ne se déroule peut-être pas toujours sans friction, chacun est amené à tirer de riches enseignements de cette collaboration. La communication, facilitée par les outils digitaux, doit permettre de fluidifier les relations au travail et rendre possible une équilibre harmonieux des énergies tout comme rendre possible la création d’un environnement de travail au sein duquel tout collaborateur peut s’épanouir, quelque soit son âge et sa relation à la technologie.
«A nous de nous adapter ! Et donc à remettre en question en codes, nos modes de fonctionnement, poursuit Bruno Kindt. Récemment, nous avons vu plusieurs jeunes collaborateurs venir nous questionner sur notre politique en matière de car policy. En résumé, détenir une voiture ne les motive pas -et ne les intéresse pas. Ils préfèrent se déplacer autrement. Rester sur nos positions aurait été contre-productif. Nous avons donc reconsidéré notre approche de la mobilité en général. D’un problème, nous avons fait un atout dans le sens où nous nous inscrivons aujourd’hui dans une démarche plus engagée en termes de bilan carbone et de certification ISO 14001.»