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Start-up… plutôt un mariage de raison
Mariage de raison ! Le Boston Consulting et RaiseLab observent un changement de perspective. L’avenir passe par les acquisitions. Finis les coups de foudre !
L’avenir des start-up passe de plus en plus par leur acquisition, autrement dit un mariage de raison. Depuis 2021, le rythme des cessions que fait que croître.
Start-up à vendre. Et comme elles sont de plus en plus nombreuses à chercher acquéreur, leur valeur baisse. Les temps changent, observent BCG et RaiseLab qui viennent d’achever un état des lieux des acquisitions menées depuis dix ans en France. Si l’étude (630 cessions menées à bien sur les 731 « sorties » (acquisitions et entrées en bourse confondues) enregistrées depuis 2013) est géographiquement limitée, on peut toutefois en extrapoler les conclusions. La tendance est générale.
Baisse médiane de la valeur
Les temps changent. Et vite. Sur la période de dix ans, analysée, près de 40 % des acquisitions (246) ont eu lieu depuis… janvier 2021, témoignant d’une accélération qui n’a d’égale que la perte de vitesse de l’alternative d’une introduction en bourse. Il faut dire que le succès des IPO, auprès des petits actionnaires notamment, a fait long feu.
Il faut y voir un signe de maturité, notent le BCG et RaiseLab. Conséquence indirecte : une baisse significative de la valeur médiane des opérations. Si le nombre d’opérations est stable au premier trimestre 2023, le montant total des opérations enregistre quant à lui une forte baisse. Il s’élève à 15 millions EUR… contre 50 millions EUR sur la même période en 2021, ont calculé le BCG et RaiseLab.
Aujourd’hui, l’achat par une entreprise constitue la ‘porte de sortie’ choisie par 77% des start-up sur la période 2013-2023. « Le contexte économique et le faible nombre d’IPO positionne le rachat par les grandes entreprises comme le mode d’exit privilégié par les fondateurs de start-up », explique Olivier Sampieri, Managing Director and Senior Partner, BCG. « Ces acquisitions sont plus que jamais perçues comme source d’innovation par les entreprises, d’où leur multiplication ces dernières années » complète Paul Jeannest, co-founder & CEO, RaiseLab.
Un marché dynamisé par les scale-up et les investissements étrangers…
Si les fonds et les grandes entreprises représentent 55% des acquéreurs de startups françaises sur la période 2013-2023, les scale-ups tendent à s’imposer sur le marché des acquisitions de start-up. Elles sont devenues les principaux acquéreurs de start-up depuis 2021 (29% des acquisitions sur la période 2021-2023 contre 15 % sur la période 2013-2020).
S’agissant de la nationalité de ces entreprises, l’analyse montre un intérêt croissant des groupes étrangers pour les start-up françaises depuis 2018. Entre 2013 et 2017, les investisseurs français ont en moyenne représenté plus de la moitié des acquéreurs. Entre 2018 et 2022, les investissement étrangers (principalement Union européenne et Amérique du Nord) ont significativement augmenté jusqu’à représenter la majorité (51 %) des opérations en 2022.
Mariage de raison… trois catégories d’objectifs motivent les acquisitions
Les entretiens menés dans le cadre de cette analyse révèlent des démarches d’acquisition de plus en plus structurées de la part des grandes entreprises. Trois sources de création de valeur motivent ces rapprochements :
Renforcer le cœur de métier. L’acquisition de nouvelles technologies et l’intégration de nouveaux talents permettent d’accélérer l’innovation sur des offres existantes
S’étendre à des domaines d’activité adjacents. Compléter le cœur de métier par des activités prometteuses.
Se diversifier / se développer dans d’autres domaines. Explorer de nouveaux marchés et/ou de nouveaux produits.
Pour poursuivre ces objectifs et concrétiser la création de valeur, trois grands modèles d’intégration sont mis en œuvre :
Le modèle autonome : la startup conserve son fonctionnement tout en bénéficiant des ressources de l’entreprise pour continuer à croitre. L’entreprise limite son intervention pour ne pas freiner sa dynamique de développement
Le modèle en rapprochement ciblé : certains aspects du fonctionnement de la startup évoluent (e.g. gestion RH, finance…). Des passerelles business sont créées entre l’entreprise et la startup.
Le modèle d’intégration complète : les activités cœur de la startup et de l’entreprise fonctionnent ensemble. La startup disparait en tant qu’entité autonome.
« Ces dernières années témoignent d’une meilleure collaboration et compréhension mutuelle de ces deux mondes. En France, les acteurs privilégient le maintien d’une large autonomie des startups rachetées pour préserver la dynamique d’innovation de celles-ci. Toutefois la recette miracle n’existe pas, les approches hybrides permettent le plus souvent de répondre aux compromis nécessaires à la bonne exécution du rapprochement.» explique Paul Jeannest.