Systemafric, le roman de l’été. Signé Jean-Claude Logé
Jean-Claude Logé, l’ancien patron de Systemat, règle ses comptes. Mais pas seulement. Systemafric est d’abord le récit -en 500 pages- d’une vie, sa vie, la vie.
A-t-on le droit, à 70 ans, de tout plaquer ? De s’envoler avec une belle de vingt-quatre ans sa cadette pour créer un dispensaire et une école au fin fond de la Casamance ? Finalement, a-t-on le droit de croire à la vie ? Non. Trois fois non. A 70 ans, fortune faite, on attend de vous tout autre chose, estime Jean-Claude Logé : fouler les greens d’un golf, accueillir ses petits-enfants dans le chalet de Courchevel, jouer de ses relations pour aider des «amis». Et, c’est curieux, plus on est riche, plus on attend de vous. Aussi, le jour où vous décidez de prendre un aller-simple pour Cap Skirring, dites-vous que les ennuis vont commencer. Pour Jean-Claude Logé, 76 ans aujourd’hui, les ennuis ont continué en Afrique, quand il s’est rendu compte du piège qui s’est refermé sur lui, quand il a compris que sa deuxième vie s’est brusquement arrêtée le 21 mai 2016 -son Hiroshima comme il dit en préambule de son livre Systemafric (Editions de l’Hirondelle).
L’homme est connu. Fondateur de Systemat, l’ex-Manager de l’Année (1995) a conduit cette entreprise brabançonne au sommet, comptant jusqu’à deux mille collaborateurs en Belgique, au Luxembourg, en France, au Portugal et deux ou trois pays du Maghreb. Cet homme qui a tenu tête à HP et à Microsoft, cet entrepreneur dans l’âme, livre aujourd’hui un dernier combat : récupérer sa fille adoptive, Alice Logé, toujours en Afrique. Le dernier combat car, entre-temps, il a tout perdu, vivant, comme il le dit simplement, de «la mendicité auprès de ses derniers amis»…
Roman ? Récit ? Un récit sous forme de roman. Jean-Claude Logé dit tout. Certains retiendront le thriller : amour, détournement d’argent, règlements de compte, menaces de mort… D’autres, l’aventure de l’entreprise qui débute avec l’arrivée de l’IBM-PC en 1983. «J’ai tout de suite saisi l’opportunité, écrit l’auteur. Je jette ma soutane d’assureur, je vends ma Mercedes Classe S pour acheter cette merveille de PC IBM, qui valait tout de même 475.000 francs… Avec un associé, Bernard Istasse, nous rachetons dans la foulée une petite société au bord de la faillite dont le seul actif sérieux était le joli nom : Systemat… plus une grosse centaine de clients, pour la plupart mécontents de la médiocre qualité des programmes bricolés dans la maison… Nous y avons rapidement mis bon ordre !»
La suite, ce sont les tumultes d’une PME. Pour soutenir les ventes, l’ex-assureur crée le contrat Assistance Software Systemat : la bonne idée qui permettra de maintenir à flot cette petite entreprise qu’IBM négligera, que Fortis menacera faute de recapitalisation et que la SRIW conseillera de vendre au plus vite avant la faillite…
Cinq cents pages pour tout raconter, sans ménagement. Le grand déballage. C’est sûr, Systemafric fera le buzz; tout l’été on en parlera dans les dîners, on s’en amusera ou on s’offusquera des portraits brossés de l’un ou l’autre. Et, surtout, on raillera l’auteur pour ses erreurs, plus encore pour sa candeur. On le moquera, lui qui a tout perdu -hormis une poignée d’amis, de vrais amis comme il tient à le souligner.
Ce livre est riche, sans doute trop. Jean-Claude Logé mêle privé et professionnel, le lecteur peut donc s’y perdre. En même temps, c’est le récit d’une existence, avec ses coups de coeur, plus encore ses coups de gueule. «Vilain Coco règle ses comptes», s’amuse-t-il. Les flèches, les nombreuses flèches, sont acérées. «La trahison des managers est une forte probabilité, écrit-il. Elle est inscrite dans leurs gènes de carriéristes mercantiles; vous les payez pour tuer, ils tuent de sang froid, avant de trouver un nouveau maître qui paie plus cher…»
Le ton est donné. Des noms suivent. Etait-ce vraiment utile ? Oui, à écouter l’auteur, parce qu’il s’agit d’un livre confession. Un dernier baroud d’honneur. Tabula rasa. Et aujourd’hui, cet homme qui a tout connu, qui a marqué l’essor d’une industrie, nous dit avoir -tout bien réfléchi- trouvé le bonheur, le vrai, celui qui reste au terme d’une vie, dans le travail. Oui, le labeur. «Travailler aura été ma première règle de vie, certainement pas par obligation, simplement par plaisir. J’y ai trouvé toutes les joies, hier comme aujourd’hui, avec des saveurs délicates, des arômes de parfums rares, des raffinements renouvelables…»
Vive Vilain Coco !
Il fut mon meilleur client, droit comme I, honnête et juste; grand respect, je suis son obligé !
Je pars en vacances dans 3 semaines, j’ai travaillé chez Systemat et donc croisé mr Logé. Comment me procurer ce livre ? Merci.