600.000 foyers connectables à la fibre optique en 2028. L’objectif est ambitieux. D’autant que l’enveloppe budgétaire pour l’atteindre est figée. Unifiber devra accélérer.

Bilan largement positif pour sa première année pour Unifiber, entreprise créée il y a un an pour accélérer le déploiement de la fibre optique sur le territoire wallon. Avec l’engagement de 60 communes, la co-entreprise de Proximus et Eurofiber a atteint 90% de son objectif de 600.000 foyers connectables en 2028. Les travaux sont en cours dans 10 communes. Et les premiers clients raccordés cet été testent déjà le réseau du futur. Bien. Très bien même. Mais il faut accélérer, explique Philippe Lemmens, Chairman of the Board, Unifiber. « Sachant que l’enveloppe budgétaire est figée et que l’inflation menace, le temps est compté ! »

C’est un projet colossal initié par Unifiber en juillet 2021 : installer plus de 10.000 km de fibre optique en Wallonie afin de rendre connectables plus de 600.000 foyers (particuliers, PME et services publics) à un internet ultra rapide et stable. 

L’impact de la fibre sur l’économie sera crucial

L’entreprise est partie d’une feuille blanche, accomplissant étape après étape, un projet ambitieux. Les travaux sont en cours dans 10 communes : Waterloo, Jodoigne, Saint-Ghislain, Morlanwelz, La Hulpe, Rixensart, Jemeppe Sur Sambre, Braine L’Alleud, Courcelles et Dour. Unifiber a également démarré cet été les travaux dans certains quartiers sinistrés de la commune de Verviers. Au total, quelque 1.000 km de fibre -reconnaissables à leur gaine rose- sont déjà installés.

Au total, c’est 1 milliard EUR qui sera investi en Wallonie au cours des dix prochaines années, explique Laurent Petit, Chief Commercial Officer, Unifiber. Si le montant est important, l’impact de la fibre sur l’activité économique est crucial pour l’économie locale. « Les communes l’ont compris. Les deux arguments essentiels dans leur décision est l’installation gratuite de la fibre par Unifiber et la création d’un réseau ouvert offrant à tout opérateur partenaire la possibilité de proposer ses services. En revanche, la bonne conduite du projet dépend pour beaucoup de leur réactivité. » Et là, ça peut coincer. Vis-à-vis de leur population, nombre de communes préfèrent réduire l’impact des chantiers en les étalant dans le temps. Les permis sont accordés au compte-goutte, par quartier, pour trois ou quatre rues seulement. « A leur décharge, la législation n’est pas faite pour des projets de cette envergue », nuance Philippe Lemmens.

Unifiber, redoubler de créativité

Dans un contexte inflationniste, c’est un vrai souci pour Unifiber. Il n’est pas seulement question du prix des équipements qui s’envole, mais aussi du coût salarial. Si l’entreprise emploie 30 personnes, elle s’appuie pour les chantiers sur des partenaires de renom, belges et internationaux, avec qui elle a signé des accords de collaboration pour utiliser les infrastructures ou exécuter les travaux : Amadys, Circet Benelux, Ores, Resa, SWDE, Solutions 30, Benelux et Verbraeken-Infra. « Si l’on ne peut leur garantir des délais fixes de début et de fin de chantier, ces entreprises occupent leur personnel ailleurs, parfois même à l’étranger. Et donc on perd à nouveau du temps », regrette Philippe Lemmens.

Il s’agit donc de redoubler de créativité. Et de maintenir un dialogue constant avec les communes, constate Laurent Petit. Ce sera, d’ailleurs, le principal défi de 2023. Le contexte est sans surprises : pression sur le coût des salaires et des matières premières, pénurie de main d’œuvre et lourdeur administrative pour des travaux de cette envergure. « Le contexte économique rend l’équation de plus en plus difficile. La Belgique est en retard par rapport aux pays voisins, en particulier les Pays-Bas, enchaîne Philippe Lemmens. Des entreprises et  des indépendants perdent en compétitivité et en innovation par manque d’une infrastructure ultra rapide et stable. Nous avons créé Unifiber pour rendre connectable rapidement un maximum de foyers wallons à ce réseau du futur, le tout dans une enveloppe budgétaire fermée. »

La fibre en aérien, pour accélérer

Pour satisfaire le plus de communes possible et avancer au plus vite, Unifiber a signé des accords avec les gestionnaires de réseau de distribution (GRD) pour déployer la fibre en aérien. C’est le cas à Saint-Ghislain avec Ores. Et à Huy avec Resa. « Ca va plus vite et c’est moins cher ! » 

Les communes sont effectivement nombreuses à demander le déploiement de la fibre. Pour Nico Weymaere, Chief Executive Officer, Unifiber, « Nous ne nous attendions pas lors de la création de l’entreprise à cette situation. Nous avons même revu nos ambitions à la hausse, de 500.000 à 600.000 foyers. Aujourd’hui, nous tenons à réaliser cette ambition malgré le contexte économique compliqué. Pour y arriver, nous avons besoin d’accélérer le processus de déploiement. Comment ? En utilisant les bâtiments publics, les ponts… et ainsi déployer les câbles en aérien. Ou encore grâce à une procédure simplifiée de demande de permis telle que prévue par la Connectivity Toolbox. Sans cela, nous devrons peut-être revoir nos ambitions et, malheureusement, décevoir certaines communes. »

Texte : Alain de Fooz – Photo : Bénédicte Maindiaux