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Vagues de chaleur, nouveau défi des datacenters
Nous connaitrons de plus en plus de vagues de chaleur. Il nous faut donc nous y préparer. Le point de vue de Laurens van Reijen, CEO, LCL Data Centers.
Pendant des années, nous avons imaginé des solutions pour éviter les problèmes dans nos systèmes de refroidissement. Avec la multiplications des vagues de chaleur, il est maintenant temps de prendre des mesures concrètes. Et de faire les bons investissements.
« Sur un toit, il y a peu d’ombre ; les températures augmentent considérablement. Cela rend les choses encore plus difficiles, constate Laurens van Reijen. Il est donc important d’avoir un système de refroidissement qui puisse mieux résister à une vague de chaleur. Les nouvelles conceptions des centres de données de LCL tiennent déjà compte du réchauffement climatique et de la nouvelle réalité lors de la modernisation des centres. »
Le refroidissement représente un facteur important dans ces nouvelles conceptions. Les fournisseurs proposent des solutions différentes. En outre, d’un point de vue énergétique, il importe de réduire les coûts. Le refroidissement comptera de plus en plus dans la facture… Aujourd’hui, lors de la conception de nouvelles installations, LCL fait appel à des spécialistes internationaux qui ont déjà conçu des centaines de centres de données de par le monde.
« A nos débuts, il y a vingt ans, il fallait porter une veste épaisse pour entrer dans un centre de données. C’était ce que désirait le client, explique Laurens van Reijen. Nous savons maintenant que la température à l’intérieur du centre de données peut être plus élevée. Nos équipements informatiques le permettent. Ils nous permettent également, dans le même temps, d’économiser de l’énergie… »
Le PUE n’est plus lié à la charge…
En s’appuyant sur les systèmes informatiques pour contrôler la température, la conception des unités extérieures, telles que les refroidisseurs et les aéroréfrigérants, change à nouveau. Ce qui compte, cependant, c’est la température extérieure.
Les systèmes de refroidissement qui existent aujourd’hui pour les centres de données permettent d’atteindre un PUE (Power Usage Effectiveness) de 1,3. Y compris, avec les conceptions plus récentes, à charge incomplète. Autrement dit, le PUE n’est plus lié à l’usage. Et c’est une avancée.
Le Climate Neutral Data Centre Pact, auquel LCL a souscrit, indique que tous les datacenters d’une puissance supérieure à 50 KW construits à partir du 1er janvier 2025 afficheront un PUE ne dépassant pas 1,3 dans les pays au climat froid et 1,4 dans les pays au climat plus chaud, lorsqu’ils fonctionnent à pleine capacité. Le même objectif est fixé au 1er janvier 2030 pour les datacenters construits avant 2025. Il indique également la création d’une nouvelle métrique d’efficacité du datacenter.
Autres méthodes de refroidissement
La plupart des centres de données fonctionnent déjà avec le « free-cooling ». Les refroidisseurs utilisent la température extérieure jusqu’à environ 14-16°C pour refroidir l’intérieur, mais il existe d’autres moyens de refroidir à moindre coût.
Les fournisseurs de services cloud, par exemple, utilisent souvent l’eau, qui leur permet d’économiser sur leur facture d’électricité. Dans le cadre du Climate Neutral Data Centre Pact, cette évolution a déjà été prise en compte. Une norme a donc été élaborée pour imposer une consommation d’eau maximale en fonction des circonstances locales.
Autre méthode de refroidissement par l’eau, le refroidissement adiabatique dans lequel l’eau est atomisée. « Notre bureau d’ingénieurs a étudié la question pour notre centre d’Alost, poursuit Laurens van Reijen. Pour nous, le résultat était financièrement neutre par rapport aux autres systèmes de refroidissement. De plus, nous ne souhaitions pas utiliser l’eau de ville pour des raisons écologiques. L’eau est rare ; utiliser l’eau du robinet n’est pas, selon nous, une bonne idée. De plus, s’il y avait un problème avec l’eau du robinet, le système de refroidissement tomberait en panne. Nous ne pouvions nous permettre de courir ce risque. »
Dans une certaine mesure, LCL utilise les « eaux grises », à savoir les eaux de pluie. Mais ne le fait que dans un seul de ses centres. Autre option, le forage pour le stockage de la chaleur et du froid. « En forant une ou plusieurs paires de puits, on peut stocker de l’énergie, sous forme de chaleur dans ce cas, dans le sol. Elle peut ensuite être utilisée pour chauffer des bâtiments, par exemple. En Belgique, la pratique est peu utilisée, hormis en Campine. »
Refroidissement par immersion
Jusqu’à présent, les serveurs étaient refroidis à l’air. Le refroidissement par immersion est une nouvelle méthode. A travers celui-ci, les serveurs sont plongés dans un liquide de refroidissement afin qu’ils restent opérationnels à des températures plus élevées. En outre, le PUE s’améliore considérablement.
« Espérons que les fournisseurs de serveurs développeront bientôt des équipements informatiques fonctionnant avec cette nouvelle méthode, espère Laurens van Reijen. Microsoft, par exemple, a effectué des tests avec de telles installations et se montre très enthousiaste à leur sujet. »
Vagues de chaleur et… énergie verte
Après les équipements informatiques, les systèmes de refroidissement sont les plus gros consommateurs d’énergie dans un centre de données. Heureusement, nous pouvons réduire notre impact sur l’environnement en achetant de l’énergie verte.
« La consommation d’énergie relève du champ d’application 2 du protocole sur les Gaz à Effet de Serre (GES) et peut donc être neutralisée par l’utilisation d’énergie verte. Le mieux, encore, est de la générer nous-mêmes… comme nous le faisons déjà dans notre centre de données wallon, LCL Wallonia One, à Gembloux. »