Depuis quelques jours, c’est l’effervescence sur les réseaux sociaux autour du hashtag #Mobilegeddon, en référence au nouvel algorithme associé par Google à son moteur de recherche.
Le nouvel algorithme est entré en vigueur hier, mardi 21 avril. Et si l’on en parle tant c’est qu’il favorise, dans les résultats de son moteur de recherche, les sites optimisés pour les smartphones.
Concrètement, les pages web adaptées à une consultation sur smartphone -qui, bien sûr, s’afficheront rapidement- seront mises en avant dans les résultats de recherche; les autres ne seront pas formellement sanctionnées, mais elles perdront «mécaniquement» en visibilité…
L’algorithme applique une logique binaire : soit une page est «mobile-friendly», soit elle ne l’est pas, indépendamment du site dont elle dépend et des liens qu’elle pourrait contenir pointant vers des contenus non optimisés pour les smartphones.
«Ce changement affectera les recherches mobiles dans toutes les langues à travers le monde et aura un impact significatif sur nos résultats de recherche, pouvait-on lire dans un billet de blog de Google le 26 février dernier. Ainsi, il sera plus facile pour les utilisateurs d’obtenir des résultats de qualité, pertinents et optimisés pour leur appareil.»
Certains parleront de diktat. En imposant son algorithme, la firme de Mountain View, récemment accusée par la Commission européenne d’abuser de sa position dominante (95% des recherches Internet en Europe), n’arrange évidemment pas son cas…
Un développeur averti en vaut…
Ce n’est pas, pour autant, une surprise. Au printemps 2014, Google avait mis en oeuvre une première mesure introduisant le principe d’avertissement aux internautes. En première ligne, les sites utilisant des URL dites «de redirection» pour gérer, d’une part, le trafic en provenance d’ordinateurs et de l’autre, celui émanant des terminaux mobiles.
Les URL visées sont celles qui pointent vers des contenus non optimisés pour une consultation sur smartphone ou tablette… et qui, faute de compatibilité, conduisent les utilisateurs vers une autre page du site mobile ne correspondant pas à leur requête.
Pas le choix !
Quels sont les critères retenus par Google pour qualifier un site de «mobile-friendly» ? L’utilisation d’une police de caractères lisible sans zoomer, l’adaptation du contenu à la taille de l’écran pour minimiser les défilements ou, encore, la présence de liens hypertexte suffisamment espacés pour éviter les mauvais clics.
Google suggère plus globalement d’abandonner les technologies propriétaires au profit du trio HTML(5) – CSS – JavaScript et, ainsi, adopter le responsive design. Cette méthode de conception de sites Web vise à offrir au visiteur la même expérience de navigation à travers une large gamme d’appareils. Google a mis à disposition des webmasters plusieurs référentiels et guides de bonnes pratiques qui permettent notamment de se «mettre dans la peau» d’un robot d’indexation. Et tout simplement de tester si une URL est optimisée pour le mobile ou pas.
Vers un e-commerce à deux vitesses
Les sites non compatibles risquent de perdre 10% du trafic global jusqu’à leur mise à jour, estimait voici peu l’agence spécialisée Search Foresight. De son côté, Dynatrace (gestion de la performance applicative) soulignait que les internautes sont 80% à quitter un site ou une application en cas de crash et 46 % à aller voir ailleurs à défaut d’un affichage sous 3 secondes.
Aujourd’hui, plus de 30% du trafic web mondial provient du mobile -smartphones et tablettes. Aux Etats-Unis, au dernier trimestre 2014, 29% des requêtes sur Internet, tous moteurs confondus, soit 18,5 milliards de recherches en trois mois, ont été réalisées depuis un appareil mobile selon le cabinet comScore. Pour Google, dont les services sont préinstallés sur les appareils tournant sous Android, ce serait… plus de la moitié !
Récemment, le cabinet eMarketer prédisait que les dépenses publicitaires sur mobile dépasseront celles sur ordinateur dès l’an prochain…
A court terme, c’est une menace pour le e-commerce. Faute de moyens, les PME ne risquent-elles pas d’être défavorisées au profit des grands groupes, et de voir leur site relégué dans les pages de résultats suivantes, sachant que 9 internautes sur dix s’arrêtent à la première ?