Blockchain
Decentralized, Distributed and Public digital ledger
Walchain, tout vient à point à…
Tout vient à point à qui sait attendre. Walchain ne désespère pas du peu de projets de blockchains en Wallonie. De la morosité à la maturité.
Aussi prometteuse que soit la blockchain, un projet ne réussira que si la solution qu’il met en œuvre répond au besoin des entreprises. Or, la mode de la blockchain, la fragmentation des offres, mais aussi leur chevauchement, rendent les décisions informatiques difficiles à prendre. Ce qui sème la confusion dans les entreprises. Beaucoup surestiment les capacités de la technologie et les bénéfices qu’elle peut leur procurer. C’est le flou dans la poursuite des objectifs commerciaux.
En 2016, la blockchain était une tendance technologique forte. Elle suscitait intérêt et investissements dans de multiples secteurs de l’économie. Depuis, elle s’est enfoncée dans la phase dite de « Trough of Disillusionment », troisième phase du Hype Cycle de Gartner.
Morosité ou maturité ?
Depuis la faillite de nombreux projets de cryptomonnaie, l’écosystème de la blockchain est entré dans une phase plus mature, marquée par un retour aux fondamentaux, puisque seuls les projets les plus solides, des points de vue commercial et financier, subsistent toujours, rassure Denys Bornauw, co-fondateur de l’initiative Walchain, par ailleurs Senior Business Leader, Agoria.
Créée en mars 2021, l’initiative cherche un nouveau souffle. Pas subsidiée, elle doit sa survie à l’enthousiasme de ses membres. « Le but n’a pas changé : promouvoir la blockchain ‘made in Wallonia’ comme outil novateur pour la construction d’écosystèmes collaboratifs transparents. A l’heure actuelle, nous analysons un à deux projets par mois. Avec plus de ressources, nous pourrions évidemment en suivre davantage… »
Septembre 2022, bilan mitigé. Il y a eu un engouement un peu trop rapide, alors que les cas d’usage arrivent au compte-gouttes. Cela a commencé par tout ce qui concernait les chaines de production de grosses entreprises. AB-Inbev, Coca Cola… Balayant le panorama des projets blockchain menés jusqu’ici, Denys Bornauw souligne : « Les projets qui sont passés en production sont pour la plupart ceux d’acteurs qui, même s’ils jouent d’abord un rôle de leader d’un écosystème, ont la volonté de décentraliser le contrôle. Ceux qui, au fond, veulent rester centralisés ne dépassent pas le stade du PoC ».
Confusion
Gartner et ABI Research, qui analysent les projets au niveau mondial, sont plus durs. A les entendre, trop de responsables IT qui se sont lancés dans la blockchain la déploient principalement dans des PoC (Proofs of Concept) pour… résoudre des problèmes qu’une base de données classique pourrait traiter !
Une deuxième erreur des entreprises est de supposer que la technologie est prête à être utilisée en production alors que les offres de plates-formes sur le marché sont encore fragmentées. Certaines plates-formes sont plus développées pour la confidentialité, d’autres pour la tokenisation ou la représentation numérique d’une monnaie fiduciaire ou de biens ; d’autres encore sont créées pour des transactions universelles.
Une troisième erreur consiste à confondre protocole et solution d’affaires. La blockchain est une technologie de fondation ; elle a besoin des applications pour répondre à des objectifs d’affaires spécifiques. Or, on suppose implicitement que la technologie n’est pas très éloignée d’une solution applicative complète. Ce qui n’est pas le cas. Personne ne supposerait qu’un protocole suffit pour faire tourner un système de e-commerce ou un réseau social, assène Gartner.
« La blockchain n’a pas toujours été utilisée pour ce pour quoi elle est faite », tranche encore Denys Bornauw. Elle n’a pas été bien comprise. Et puis, « il faut être plusieurs dans une blockchain ! » La désintermédiation, soit l’absence d’un tiers au centre du système, impose enfin une situation inhabituelle pour les comités exécutifs : la gouvernance doit être partagée. Et là, ça cale. Nos entreprises ne seraient-elles pas -encore- prêtes ?
Walchain dans la perspective du Web3
Patience, conseille le co-fondateur de Walchain. Patience… Après le gouffre des désillusions de la courbe du hype de Gartner vient un plateau. Certes moins brillant, mais plus utile. A savoir la mise en production de la technologie, qui passe par la maturation tant de la technologie que de ses utilisateurs.
L’heure est à la confrontation de la technologie avec le business -dans quel cas la blockchain peut apporter de la valeur ? « Nous sommes à un tournant. La blockchain, en particulier, est considérée comme l’une des technologies les plus essentielles de l’infrastructure du Web3, dont la philosophie consiste à changer de paradigme en adoptant une version décentralisée du web… construite grâce à la blockchain ! », insiste Denys Bornauw. Dans son dernier rapport, Cointelegraph Research, assure que sept des dix investisseurs en capital-risque les plus actifs ont choisi le Web3 comme secteur de prédilection pour leurs investissements. Un signe, assurément.