we.trade veut créer un éco-système autour du trading
Lancement de we.trade, plate-forme de trading basée sur la blockchain. Un projet unique, reliant 9 banques, dont KBC. Explications de Chantal Van Haute, Business Development Manager Trade Finance & Innovation, KBC Bank – Director, we.trade
° we.trade a pour ambition de faciliter les opérations de trading, en particulier pour les PME. Pensez-vous que cela incitera davantage de petites entreprises à exporter ?
Chantal Van Haute : «Si le premier défi du trading est de trouver les bons partenaires, le deuxième est de franchir l’étape du cycle de vente, souvent long. En particulier, il est difficile d’évaluer la solvabilité d’éventuels partenaires commerciaux, a priori dans des marchés éloignés. Ce qui se résume à une question : comment garantir, en tant qu’entreprise, une sécurité de paiement quand les produits ont un long chemin à parcourir et que vous ne connaissez pas les partenaires commerciaux, qui sont loin de vous ? Certes, il existe une solution à ce problème, et cela depuis le 17ème siècle : le crédit documentaire ou la lettre de crédit. Mais le processus -basé sur le papier- est lent et relativement lourd. Bref, si l’on résume, les entreprises se retrouvent dans une position ‘catch 22’ : soit l’acheteur doit effectuer un paiement anticipé sans savoir s’il recevra les marchandises, soit le vendeur doit supporter le risque de défaillance. Via we.trade, nous balayons cette situation en apportant la transparence des deux côtés. Du bon de commande au paiement, autrement dit du début à la fin, tout est transparent. Plus de papier, plus de document; les data ont pris le relais, chaque événement pouvant être suivi et tracé. De là, une accélération du processus et une plus grande sécurité.»
° we.trade est opérationnel depuis début juillet. Quel a été l’accueil de vos clients ? Quels avantages perçoivent-ils de cette plate-forme ?
«L’accueil a été très favorable. Au tout début, voici près de deux ans, lorsque nous avons testé la plate-forme encore sous le nom de Digital Trade Chain, il y avait beaucoup de curiosité, nos clients se demandant comment fonctionnait cette plate-forme. Depuis juillet, la première version de we.trade est pleinement opérationnelle. Les premières transactions avec les clients se sont bien déroulées. Depuis début septembre, le nombre d’utilisateurs est en croissance. Quant au véritable lancement commercial, il est programmé au cours de la fin de l’année. Quant aux avantages perçus par nos premiers clients, ce sont précisément les objectifs que nous nous étions fixé dès l’origine du projet, quand nous avons imaginé cette blockchain : simplifier et sécuriser les opérations de financement des transactions transfrontalières.»
° Avec we.trade, KBC profite d’une avance sur la concurrence. Qu’en sera-t-il demain, partant que vous allez ouvrir la plate-forme à d’autres banques, mais aussi à d’autres intermédiaires ? Quel sera votre rôle ?
«L’avance de we.trade est bien réelle dans le sens où la plate-forme est opérationnelle, il ne s’agit en rien d’une expérience. A présent, neuf banques européennes, dont KBC et prochainement sa filiale CBC, sont engagées. Demain, ce seront davantage d’institutions financières, mais aussi d’autres partenaires. Nous sommes fort sollicités, même de la part d’institutions d’Asie et du Moyen-Orient… mais le point de départ est bien l’Europe. Notre avance n’est pas seulement technologique, elle tient aussi à la gouvernance. Le commerce extérieur a ses règles, qui varient d’une région du monde à l’autre, voire d’un pays à l’autre. Nous travaillons beaucoup sur ces aspects.»
° Avec KBC Trade Club, présenté un peu avant, l’ambition n’est-elle pas la même : créer une communauté de rencontres pour les entreprises en quête d’acheteurs ou de fournisseurs à l’étranger et donc faciliter les échanges ? La blockchain est-elle aussi à l’origine de ce projet ?
«Les deux projets vont dans le même sens, les deux plates-formes se complètent. Le KBC Trade Club est une communauté de rencontres pour les entreprises en quête d’acheteurs ou de fournisseurs à l’étranger. En somme, un Tinder pour entreprises ! Concrètement, les utilisateurs créent un profil d’entreprise, sur lequel ils indiquent leurs activités et les partenaires qu’ils recherchent. Après un contrôle effectué par l’administrateur, les profils sont associés au moyen d’un algorithme sophistiqué. L’administrateur transmet ensuite à chaque utilisateur une proposition sur mesure. Les utilisateurs peuvent accepter ou non les partenaires proposés. Les coordonnées sont échangées quand les deux utilisateurs ont accepté la proposition.»
° Comment, en tant que KBC, envisagez-vous le futur à travers ces deux plates-formes uniques en leur genre ?
«Le but de KBC est d’aider ses clients à développer leur commerce à l’extérieur en offrant ces deux plates-formes complémentaires. L’ambition est de créer un éco-système autour du trading. Et donc d’étendre l’offre originelle de we.trade à de nouveaux services tous en relation avec le commerce. Ainsi, nous sommes en pourparlers avec des spécialistes de la logistique, des agences en douane, des transporteurs, des assureurs… Et si la blockchain est l’élément fédérateur de we.trade sur le plan technologique, l’idée est d’enrichir la plate-forme avec l’IoT, notamment. Dans un smart contract, on peut fort bien imaginer le paiement d’un bien sur base de sa localisation -l’importateur et l’exportateur se mettent d’accord sur les conditions qui doivent être remplies avant que le contrat ne soit initié auprès de la banque de l’importateur. Et ce n’est là qu’un exemple. Bref, nous ne sommes qu’au début d’une formidable aventure !»