Wero arrive sur le marché des paiements !

Capgemini y voit l’essor des paiements instantanés… et, par conséquent, le déclin des cartes de paiement traditionnelles.

Wero, comme un Payconiq de Bancontact, mais européen. L’EPI (European Payments Initiative) soutenue par quatorze grandes banques européennes et deux systèmes de paiement, dont Worldine, se présente comme une alternative aux systèmes de paiement américains tels que PayPal, Apple Pay, Google Pay, Visa et Mastercard. Objectif indirect : maintenir une relation quotidienne avec les clients et de leur proposer des services complémentaires.

« L’attaque est la meilleure défense. » L’adage pourrait s’appliquer aux banques européennes, qui unissent leurs forces pour partir à l’assaut des géants américains des paiements qui dominent le marché.  En Belgique, Wero est déjà disponible chez CBC,  KBC et Belfius. Et le sera bientôt chez BNP Paribas Fortis (et donc aussi chez Fintro et Hello Bank) et chez ING. Wero arrive avec une solution simple, gratuite et instantanée. Elle se destine pour l’instant aux paiements entre particuliers, mais ses ambitions sont plus grandes. Prochainement, il sera possible de payer chez les petits commerçants et, ensuite, en ligne sur les sites marchands. Il faudra attendre pour régler ses courses dans les magasins des grandes enseignes. « Des tests sont prévus dès 2026 », précise EPI.

Pour les banques les enjeux sont énormes. En effet, depuis une vingtaine d’années, elles sont attaquées de toutes parts dans le domaine des paiements. C’est un marché générant 2200 milliards de dollars de revenus par an au niveau mondial et qui est désormais très fragmenté avec beaucoup de nouveaux acteurs. Avec Wero, les banques cherchent à limiter l’érosion de leurs parts de marché dans les paiements de proximité et avec les commerçants. 

La fin des cartes de paiement traditionnelles ?

 D’après le World Payments Report 2025, publié le 10 septembre par   le Capgemini Research Institute, le secteur des paiements est en passe d’être repensée par l’arrivée des paiements instantanés et de compte à compte. Les paiements instantanés représenteront 22 % de l’ensemble des volumes de transactions dématérialisées d’ici à 2028.

La fin des cartes de paiement traditionnelles ? Les paiements instantanés et de compte à compte pourraient réduire de 15 à 25 % la croissance à venir du volume des transactions par carte, estime le Capgemini Resaerch Institute. Les commissions interbancaires et les frais bancaires étant une source de revenus essentielle pour les institutions financières, celles-ci pourraient considérer qu’il s’agit là d’un risque important, susceptible d’entraîner des pertes de revenus de plusieurs milliards pour les opérateurs historiques du secteur.

Wero ou l’euro numérique ?

Le projet n’est pas sans rappeler Monnet, lancé il y a plus de dix ans, qui a échoué en raison de désaccords sur son modèle économique. Autre projet en 2020, même échec après le retrait des banques espagnoles. Entre-temps, on est passé de la carte bancaire au virement instantané. Visa et MasterCard l’ont bien compris. Et de racheter des entreprises spécialisées qui leur permettront demain d’utiliser des technologies similaires au paiement instantané.

Wero trouvera-t-il sa place ? Pour les banques, le temps presse. La BCE pourrait lancer l’euro numérique en 2028. Cette monnaie dématérialisée serait alors intégrée dans un porte-monnaie électronique… concurrent de Wero. Mais si Wero atteint rapidement la masse critique, il sera d’autant plus incontournable pour s’imposer face à l’euro numérique.