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Alexandra Jaspar claque la porte de l’APD
La directrice de l’APD, Alexandra Jaspar, démissionne. Un choix attendu. En cause, l’absence totale d’indépendance de certains membres.
« Ce qu’on vous demande de faire en y siégeant c’est de vous taire. C’est de laisser passer, fermer les yeux, cautionner, regrette Alexandra Jaspar. Et, surtout, ne pas faire le travail d’une autorité de protection des données. »
Son départ, annoncé mercredi, fait grand bruit, jusqu’au sommet de l’Etat. A plusieurs reprises, Solutions Magazine avait dénoncé le silence assourdissant de l’autorité. Muselée, en effet, l’APD s’est refusée de prendre position dès qu’il s’agit d’une institution publique, regrette aujourd’hui son ex- directrice. Et cela malgré les avertissements de la Commission européenne…
Des faits dénoncés depuis deux ans et demi
Dans une vidéo postée par LN24, Alexandra Jaspar explique comment l’APD ferme volontairement les yeux. Comment elle accepte des instructions de tiers. Et donc de ne pas se pencher sur certains dossiers. « On nous demande d’enterrer certains dossiers. En même temps, d’en poursuivre d’autres, qui mettent en cause des personnes avec qui nous ne sommes pas en contact ». Les accusations sont donc particulièrement graves. Mais absolument pas nouvelles. Ces faits sont dénoncés depuis « deux ans et demi en interne et un an et demi vis-à-vis du Parlement ». Silence radio du Parlement, qui ne fait aucun lien entre protection des données et CST, le pass sanitaire largement décrié.
Bref, aucune indépendance. Ce qui va à l’encontre des principes mêmes du Règlement européen sur la protection des données. Selon celui-ci, chaque autorité nationale doit exercer ses missions « en toute indépendance ». Soit encore, rappelle Alexandra Jaspar, « être indépendante de toutes les personnes que nous sommes censées contrôler, mais surtout des entreprises et des institutions publiques ».
Un chien de garde qui n’aboie pas
Et de lancer, comme une dernière salve : « Nous sommes infiltrés par des personnes qui travaillent pour le gouvernement et qui font partie de l’APD ». Parmi celles-ci, Frank Robben qui dirige la plateforme e-Health, la Banque Carrefour et la sécurité sociale. Egalement dans le viseur, Séverine Waterbley et Nicolas Waeyaert… qui ont finalement décidé de démissionner en février 2021.
Quand bien même la Commission européenne a ouvert une procédure contre la Belgique pour violation du GDPR en juin dernier, rien n’a bougé. Celle-ci enjoint l’Etat à mettre fin aux irrégularités pour le 12 janvier prochain. En particulier, « la fin aux mandats de deux représentants du gouvernement qui siègent à l’APD et du président actuel de l’APD, également directeur, qui a participé à des projets gouvernementaux, à une task force gouvernementale qui fait de lui un juge et une partie », explique Alexandra Jaspar.
Rien n’a bougé, non plus, au niveau de la Chambre des représentants « On préfère laisser l’APD dans l’état dans lequel elle est aujourd’hui, soit un chien de garde qui ne mord pas ! »